VOYAGEUSE SOLO

Enfin un départ, mon dernier voyage remonte au 15 décembre 2019. Ça fait du bien. Sonnerie aux portiques de contrôle. J’ai enlevé les bijoux, les chaussures, rien au palpage. Le détecteur s’affole au niveau de mon genou droit. C’est donc la prothèse.

ATTENTION : j’ai un très bon plan pour voyager à très peu de frais d’hébergement en Europe et quelques autres pays du monde. Suivez mes post, je l’expérimente une fois de plus après le Bassin d’Arcachon.

KAZ HAWKINS

kaz hawkins
Une artiste qui m’a accompagnée le long de mon périple de baroudeuse. Moi, sans la musique, je suis rien. C’est comme l’air que je respire.
Là, je me vois loin là-bas, une plage de Port Bou, une forêt de pins dans le Bassin, des km de pinèdes à longer. Il y a le canal du Midi qui défile, ses platanes qui m’effleurent. Il y a ces plages d’Argelès sans personne.
Il y a la brume, le froid, la pluie de mon Plat Pays que j’adore et qui me colle à la peau.
Il y a ces endroits magiques où j’étais le seul être au monde, personne, moi et la nature. Des forêts, des plages, des montagnes sans personne que moi.
Ces villes que je parcourais sans arrêt, m’extasiant, photographiant, m’y collant à en devenir amoureuse. Ne plus savoir les quitter et les quitter quand même.
La musique, toujours la musique, presque l’essence de ma vie.

JE SUIS UNE VOYAGEUSE SOLO


Voyager en solo m’a permis de me libérer de gros fardeaux : physiques et psychiques.
Le long de ma route je me suis délestée de plusieurs boulets. J’ai laissé tomber des sacs de chagrins, des besaces de tristesse, des cabas de tracas, des polochons d’abandon, des baluchons d’inquiétude, des soubics d’habitudes, des paniers de crabes, , des valises de servitudes, des mallettes de bêtises, des malles d’embêtements, des gonis de peur.
Au fil des jours, des semaines, des mois, je m’avançais de plus en plus légère. J’ai appris à relativiser toute chose .
J’ai réappris à vivre avec moi, à m’apprivoiser. J’avais pris trop l’habitude de me voir dans les yeux des autres. J’ai laissé tomber tous les masques, les déguisements. A la longue la carapace s’est fissurée et je l’ai laissée choir. Je n’avais plus peur de moi, des autres. Je m’acceptais et c’est tout, telle que je suis. Je ne veux plus être parfaite, être la meilleure. Je revendique le droit de pouvoir flancher, de ne pouvoir être à la hauteur tout le temps. Je me pardonne mes erreurs.
J’ai appris aussi à accepter mes rondeurs. Je ne tiens plus à les cacher absolument sous des pans de vêtements, à m’affamer pour perdre quelques kilos, à avoir honte de moi-même. Ma nouvelle devise en créole « çat y ème pa mé rondeurs na ka roul dessu ». Tous mes complexes se sont envolés au fil des kilomètres. Je me suis trouvée à nouveau jolie. Cela m’a donné des ailes. J’ai voulu renouer avec mes passions. Je me suis remise à remonter à cheval et à cavaler comme avant. Monter comme j’aime, sans contrainte, les rênes d’une main, me laissant glisser dans la cambrure du cheval, me laissant galoper à l’unisson avec mon compère. Le sourire me revenait, le sourire de la liberté.
J’ai repris plaisir à danser, c’est si bon de se laisser aller sur une bonne musique. Je ne veux plus de conventions stupides, je m’accorde de rire, d’éclater de rires, de pleurer de rires . On est si jolie quand on sourit, quand on rit.
Il y eu aussi ce silence révélateur. J’ai besoin de silence. Je n’ai pas besoin de tout le temps meubler. Meubler la conversation, combler le temps, parler pour ne rien dire . Le vide est utile aussi, là on voit qu’on existe, là on voit toute son importance.
On se détache des étiquettes que l’on vous a accroché d’office sur le front. De quel droit peut-on juger ? Et puis, on s’en détache tellement que tout cela n’a plus d’importance. On se demande même à la fin comment on a pu marcher dans ce système de valeur. Comment on a pu jouer ce jeu ? C’est si puérile. Et voilà ce voile qui obscurcissait ta vie s’envole aussi. Et tu te rends compte que tu as toujours été conditionnée. Mais ce voyage me permet de soulever tous ses voilages qui m’empêchaient de respirer, de vivre. Au fil des km, des jours, je vais les soulever, les déchirer, les laisser emporter par le vent.
Le monde même me paraît moins pesant, l’univers s’éclaircit. Tout est possible.
D’ailleurs je m’ouvre de plus en plus aux autres. Cela me permet de nouer de belles rencontres : cette dame sur pont de Perpignan, cet employé d’hôtel à Argelès, ce restaurateur à Port Bou, ce voyageur à la gare de Bruxelles Midi qui m’a pris une des valises et conduit jusqu’au bus, tous ces jeunes avec qui je me lie si facilement et tous les autres, ce ne fut que du bonheur.
J’ai pu :
* Pédaler le long du canal du Midi.
* Participer au Téléthon à Laval, préparer et vendre 1000 tartiflettes.
* S’éclater en pêchant dans le Bassin d’Arcachon.
* Se faire des amis et travailler le foie gras et les confits de canard dans les Landes.
* Apprendre une autre façon de cuisiner avec des amis de cœur et tout une équipe.
* Découvrir le réseau « la voyageuse », j’y adhère entièrement et vais m’y engager pour faciliter le voyage des femmes qui voyagent en solo.
* Méditer et prier à Lourdes.
* Monter dans un avion, puis grimper dans un train, s’asseoir dans un bus, terminer la route à pied, seule, libre, heureuse, comblée.
* Déambuler dans Toulouse, Lourdes, Bordeaux , Perpignan, Laval, Port Bou, Argelès, Bruxelles au gré de ma fantaisie.
J’ai encore tant de choses à découvrir, tant de route à faire, tant de gens à rencontrer.
Il est temps de refaire ma valise.
Le reste du récit bientôt sur https://sylviesumac.home.blog

Ma vie en confinement.

Nous sommes au 6ème jour de confinement. Qu’ai-je fait depuis le début ?

le premier jour je fus très en colère, me voici décrétée personne fragile dans le lot des premiers à mourir. Oui j’ai bientôt 67 ans, donc je suis dans le lot.

Je râle parce que je vais dire adieu à tous mes activités. Mon cours de couture spéciale « Cardigan » a été annulé. Mon entraineur d’équitation m’a téléphoné, on est bien d’accord, plus de cours de dressage. J’ai aussi prévenue ma coiffeuse à domicile, je vais regretter ses petites doigts de fée.

Au tout début de l’alerte j’avais pris d’autres dispositions. J’ai annulé mon voyage en avion prévu pour le 9 avril. Je n’ai pas confirmer ma rando équestre en Mongolie prévue au mois de mai. J’ai fait une croix sur tous mes projets.

J’ai fait avec. J’ai fait surtout le nécessaire pour suivre le protocole. Je ne suis plus sortie. J’ai concocté mon propre gel hydroalcoolique. J’ai mis des savons partout .

Depuis, je hante ma maison. J’ai lavé les rideaux, les coussins.J’astique partout. J’ai nettoyé toutes les surfaces vitrées à fond. Je range, je range, à n’en plus finir.

Je m’occupe du jardin, une petite heure tous les jours.

J’ai installé un atelier de couture à la maison. Heureusement j’ai des coupons de tissu en attente. L’installation est faite mais je n’arrive pas à m’y mettre.

Et je me donne à fond à ma passion première : la CUISINE. Nous avons de la chance d’avoir une basse-cour : des lapins et des poules. J’ai de la matière pour concocter des petits plats.

Je suis encore de mauvaise humeur aujourd’hui de voir que personne ne respecte le confinement, même dans mon propre entourage. Ils sont jeunes en bonne santé, ils s’en foutent des autres. Mais si nous disparaissons qu’adviendrait-il d’eux ? Je crois que ce n’est pas leur préoccupation première. Ils se sentent invincibles mais la maladie ne fera pas de quartier

7même jour

« LA CASCADE BLANCHE »

Aujourd’hui je vous fais découvrir deux de mes coups de cœur et c’est drôle, ils portent le même nom. Allez, c’est parti, suivez-moi.

Qu’on est petit ! (photo de Joël Vitoria)

Nous voici à l’entrée du cirque de Salazie pour s’aventurer sur le sentier qui mène à la Cascade Blanche. On se gare sur le parking jouxtant le restaurant « La Cascade Blanche ». Nous y reviendrons plus tard.

Nous attaquons le sentier qui démarre juste après le kiosque.

Nous longeons quelques propriétés perdues dans cette végétation luxuriante.

Nous empruntons le sentier qui suit la rive gauche du Bras de la Caverne jusqu’à la chute .

Photo de Joël Vitoria
On aperçoit déjà « la belle Dame » au loin. Photo de Joël Vitoria

Le sentier est facile mais avec plusieurs passages délicats. Il se rétrécit quelquefois et est parfois inondé, attention de ne pas glisser.

Photo de Joël Vitoria.
Photo de Joël Vitoria.

On débouche sur une petite plateforme et là on voit la « Belle Dame » dans toute sa splendeur.

Photo de Joël Vitoria.

La Cascade Blanche , avec ses 640 m en 4 sauts, est répertoriée comme la plus haute cascade de France. Les eaux tumultueuses de la Ravine Blanche, son court d’eau support, après avoir traversé une partie de la Plaine des Lianes, rejoint le Bras des Cavernes par cette magnifique chute. Ses deux sœurs, la Cascade du Bras Mazerin qui se jette dans le Trou de Fer, avec ses 725 m et 4 sauts et les Cascades du Bras Magasin, à la Plaine des Palmistes, avec leurs 647 m en 5 sauts n’ont pas eu ce privilège car leurs cours d’eau sont asséchés une partie de l’année.

ATTENTION
« Sentier de la Cascade Blanche. Fin de l’itinéraire aménagé. »
« Amis randonneurs soyez très prudents avec la rivière, risque de crue brutale ».

En 1h30, on arrive au gué du Bras des Cavernes. C’est la fin de la partie aménagée. Après avoir sécurisé la traversée du Bras de Cavernes, nous continuons pendant 30 minutes encore dans la partie non aménagée pour rejoindre le pied de la cascade. Plusieurs bassins sont disponibles.

Photo de Joël Vitoria.

Quelle joie de pouvoir plonger dans cette eau fraîche et pure dans cette immensité grandiose ! La toute petite chose au milieu de la chute c’est bibi.

Photo de Joël Vitoria.

Et c’est le retour, une certaine tristesse nous gagne de quitter ce paradis mais au bout du sentier une autre « Cascade Blanche » nous attend.


Nous nous installons au restaurant « La Cascade Blanche ».

Un beau soleil nous réchauffe sur la terrasse, quelque soit la direction du regard, on s’émerveille toujours devant les parois verdoyantes et vertigineuses du cirque.

Ce restaurant a un charme fou, j’adore ce côté authentique et créole de la décoration.

Un personnel affable et attentionné nous propose un choix de mets qui ont l’air plus appétissants les uns que les autres. Comment choisir ? Nous voyons défiler des plats qui nous font saliver déjà.

Un assortiment de caris.
Civet la patte cochon.
Rougail saucisses.
Une tuerie cette langouste grillée !

On s’est régalé et on a apprécié le petit verre de rhum arrangé offert par la maison.

Je ne peux m’empêcher de me faire inviter dans la cuisine. C’est bien vrai les produits sont frais et faits maison. Voici de beaux poissons rouges et des cœurs de palmier tous nouveaux.

Quant à l’hygiène, rien à redire, même les toilettes sont bien tenues et très originales.

Ce fut un régal, je reviendrai et je vous conseille vivement cet établissement. Je sais de quoi je parle étant chef cuistot moi-même.

AU REVOIR MES « CASCADES BLANCHES ».

Surprise maîtresse, une fleur pour vous.

La sonnette vibre, Pacha se rend au portail et parle avec un monsieur. Curieuse je m’approche et constate avec joie que c’est un de mes anciens élèves : Charly.

Il me présente son épouse, une superbe dame, on s’est déjà apprécié sur fb. Charly s’éclipse et revient avec une énorme plante. Je ne sais quoi dire devant ce splendide cadeau. Il explique que je compte beaucoup pour lui, que je suis pour beaucoup dans sa réussite. Son épouse me dit qu’il parle souvent de moi. Ils ne s’éternisent pas.

J’ai les larmes qui perlent, ça fait du bien de savoir qu’on pense encore à vous des décennies après. Merci.